Pour ceux d’entre vous nés avant les années 80, vous avez peut-être pu jouer à Wasteland, premier du nom, lors de sa sortie, en 1988. Père spirituel de Fallout, le titre nous plongeait dans un Arizona dévasté où seule la force et la brutalité règnent. On a entendu parler de la suite du célèbre jeu en 2012, lorsque inXile Entertainment a lancé un kickstarter pour financer le développement d’une suite, sobrement intitulée Wasteland 2. Franc succès, il a rassemblé près de 3 millions de dollars alors que « seulement » 900 000 dollars étaient demandés. Ainsi, après deux ans et demi de développement et 25 ans après la sortie du premier épisode, voici enfin la tant attendue séquelle de Wasteland. L’attente valait-elle le coup ?
Test Wasteland 2 sur PC
Wasteland : un désert immense et impitoyable
Wasteland 2 prend contexte dans un sud-ouest des États-Unis (entendez la Californie et l’Arizona) complètement dévasté par une attaque nucléaire. S’il en est sans doute de même pour le reste du monde, l’aventure de nos héros se concentrera sur cette zone du pays de l’Oncle Sam, qui ne ressemble plus qu’à un désert parsemé de tas de ruines. Autant dire que si vous avez déjà joué à Fallout, ou finalement n’importe quel jeu post-apocalyptique, vous ne serez pas dépaysé. Entre les zones irradiées se trouvent quelques places fortes habitées où les gens tentent tant bien que mal de survivre. Des laboratoires agraires aux simples colonies, tous ces endroits sont constamment en proie à la violence, qu’elle vienne de pillards, bandits ou animaux mutants.
Cependant, un groupe d’individus un peu plus vaillant que les autres tente de mettre un peu d’ordre dans ce monde atroce : les Desert Rangers. Menés par le General Vargas, notre équipe, qu’on peut choisir de créer de toutes pièces ou avec quelques personnages pré-définis, aura donc pour mission de parcourir le Wasteland afin de résoudre quelques enquêtes, protégez des civils mais surtout essayer de maintenir le peu d’humanité qui existe encore dans ce qui reste du monde.
Attention à vos capacités
Le jeu d’inXile Entertainment est évidemment dans la veine des vieux RPG de ce type : exigeant et hardcore. Rien que la création de votre équipe en début de partie, pour peu que vous décidiez de jouer dans les modes de difficulté supérieurs, nécessitera entre une et deux heures, tant l’investissement du moindre point de compétence devra être mûrement réfléchi. Un groupe de personnages mal équilibré pourra donc signifier une partie particulièrement laborieuse, voire simplement impossible à finir. Ces capacités sont, quant à elles, plutôt classiques, quoique bien supérieures à celles d’un Fallout moderne. On y distingue trois catégories : les armes (corps à corps, sniper, fusil d’assaut, armes à énergie, etc.), la socialisation (marchandage, lèche-cul, grande gueule etc.) puis différents savoir-faire (premiers soins, crochetage, chirurgie, réparateur de grille-pain etc.). Autant dire que la liste est plutôt complète, et que différents essais sont d’emblée nécessaires afin de créer une équipe réellement optimisée.
Ces capacités devront également être choisies selon le style de jeu souhaité. Chaque problème à plusieurs solutions dans Wasteland 2. Pour faire simple, il existe trois compétences de discussion : « lèche-cul », « gros dur » et « petit malin ». Chacun de ces noms suffit à expliquer les solutions majoritairement disponibles si vous êtes confronté à un souci. Après, il vous sera toujours possible de créer une équipe spécialisée dans un domaine, mais vous risquez d’être confronté à des problèmes insolubles et surtout passer à côté de nombreuses subtilité au cours de votre quête.
L’erreur est inévitable et punitive
Le fil conducteur du titre vous mettra inévitablement devant des choix. Par exemple, dès le début de l’aventure, il faudra choisir entre porter secours à Highpool, une petite ville attaquée par des pillards ou à l’AgroCentre, un centre de recherche agraire. Évidemment, l’état des deux zones visitées ne sera pas le même selon où on choisit d’aller en premier. Si dans ce cas, la notion de choix est assez évidente, d’autres seront beaucoup plus subtilement amenés au cours de l’aventure, ce qui nécessitera de bien faire attention à chaque choix de dialogue.
Ces choix de dialogue, parfois conditionnés selon les capacités de vos héros, peuvent parfois mener à des situations tout à fait imprévues, voire des batailles perdues d’avance. On finit forcément par commettre une erreur en choisissant une réponse, soit par manque d’attention, soit par manque d’informations. On peut ainsi très vite perdre du temps, rater une quête à cause de la mort d’un PNJ ou même engager un combat menant à la mort d’un ou plusieurs membres de votre équipe, et inutile de préciser que la mort est définitive dans le monde impitoyable de Wasteland 2. De même, dans le cadre des combats, chaque mouvement devra être réfléchi afin de maximiser les chances de toucher l’ennemi visé, et surtout rester hors de sa portée. Les munitions et les kits de soin sont rares, et chaque coup raté sonnera comme une punition.
Un système de combat old-school mais efficace
Les amateurs de RPG tactiques ne seront pas dépaysés en découvrant le système de combat de Wasteland 2. Assez classique, chaque coup a un certain nombre de chances (exprimé en pourcentage) de toucher l’adversaire visé. Différents facteurs entrent en compte pour calculer ce pourcentage : la portée optimale de votre arme, vos points de compétence investis dans la maîtrise de l’arme, votre posture, si vous êtes derrière une couverture ou non… Il en est de même pour les ennemis, dont les mouvements seront à anticiper avant de décider dans quel sens iront vos actions. Il sera parfois ainsi préférable d’attendre un ou deux tours supplémentaires pour être sûr d’exploser la tête d’un pillard au lieu de bêtement essayer de lui tirer dessus, et prendre le risque de gâcher des munitions. Rien de très original n’est à se mettre sous la dent, si vous avez joué à Fallout 1 et 2, même si le titre bénéficie de quelques subtilités qui lui sont propres.
Sachant que chaque type d’ennemi a ses faiblesses, il sera nécessaire de faire attention à la nature de ces derniers. Le type d’arme choisi peut grandement influencer vos chances de victoire. Il m’est ainsi arrivé de me faire littéralement exécuter par quelques robots car ils étaient insensibles à mes fusils d’assaut. Après le chargement d’une sauvegarde précédente et l’investissement de quelques deniers dans des armes à énergie, c’était mon tour d’écraser ces êtres mécaniques.
Toutefois, si l’intelligence des PNJ est généralement de bonne qualité, elle reste parfois aléatoire. Même s’il lui arrive de faire preuve d’une grande finesse, elle se réduit d’autre fois à des ennemis qui vous foncent dessus sans prendre la peine de se cacher. Une fusillade peut ainsi très vite se transformer en peloton d’exécution.
Une ambiance parfaite
Si la difficulté et l’exigence suffisent à donner une certaine ambiance au jeu, la réalisation graphique et sonore ainsi que l’écriture des dialogues permettent à l’ambiance de réellement s’élever, et d’atteindre le panthéon des jeux post-apocalyptiques. Tout d’abord, le jeu n’est jamais manichéen, le sacrifice d’innocents est parfois nécessaire, dans le but de choisir la voie qui nous semble la plus pertinente. Il faut savoir qu’amener une situation à l’avantage de votre équipe ne signifiera pas forcément aider le Wasteland, mais juste aider les Desert Rangers, ou une poignée d’hommes. Une radio est par ailleurs disponible, pour contacter régulièrement la base des Rangers, recevoir des messages de détresse ou simplement capter des communications, parfois complètement étranges.
L’ambiance est tributaire des nombreux dialogues qu’on aura l’occasion de lire dans le jeu. Parfois déséspérés, emplis de folie, tristement pragmatiques ou optimistes, il sera nécessaire de les lire afin de se plonger dans ce monde créé par inXile Entertainement. D’emblée, si vous n’aimez pas lire, Wasteland 2 n’est pas fait pour vous, tant l’ambiance est liée à l’écriture exemplaire des quêtes et des dialogues.
A propos de l’aspect graphique du jeu, si les concepts derrière les environnements du jeu sont vraiment classes, le fait que le jeu tourne sur Unity n’aide pas vraiment à nous offrir des environnements très agréables à l’oeil. Les modèles sont plutôt grossiers, et mis à part quelques démembrements plutôt drôles, le jeu n’a rien à offrir sur ce point. La musique, quant à elle, participe pleinement à notre immersion dans le désert radioactif.
Conclusion Wasteland 2
Wasteland 2 est assurément un excellent jeu. Profond, exigent, intelligent, parfois drôle, parfois déprimant, InXile Entertainment nous offre enfin un successeur aux deux premiers volets de Fallout. Il faudra cependant savoir où vous allez si vous comptez vous lancer dans l’aventure. D’avance, la difficulté parfois frustrante du jeu en rebutera plus d’un, et le titre nécessitera un investissement de temps assez conséquent. Plusieurs dizaines d’heures seront nécessaires à la complétion de la quête principale. Gardez également à l’esprit qu’on ne ressort pas forcément indemne de Wasteland 2, tant l’univers violent vous poussera contre votre gré à prendre de dures décisions.
Wasteland 2 est disponible sur Steam au prix de 39,99€ dans sa version de base et à 54,99€ dans son édition Deluxe. Une version physique, contenant quelques goodies, est également disponible. Pour plus d’informations, n’hésitez pas à vous rendre sur le site officiel du jeu.