Une sortie un vendredi 13, on ne croit presque pas au hasard : le destin de Pandora’s Tower s’amorce sous de funestes augures, ou bien d’excellentes selon les superstitions. Voyons ce qu’il en est, dans notre test de ce dungeon RPG, probablement le dernier jeu de rôle et d’aventure développé en exclusivité pour la Wii.
Test de Pandora’s Tower sur Wii
La chair de leur chair
Dès les premières annonces, Pandora’s Tower laissait entrevoir un univers particulièrement sombre et une intrigue d’une morbide intensité. Une perspective qui avait su nous séduire, malgré un surprenant manque de communication autour du titre. Dès la cinématique d’introduction, digne d’une production de japanimation, on retient son souffle, jusqu’à laisser échapper un « waaa » dont la Wii nous a trop souvent privés. Le jeu s’ouvre sur un prologue d’une beauté saisissante posant les bases d’un scénario classique mais redoutable d’efficacité. La belle Elena est victime d’un mal qui l’obligera à absorber de la chair fraîchement arrachée aux entrailles de bêtes afin de retarder sa transformation. Une tâche qui incombe à son cher et dévoué Aeron, qui pourra compter sur l’aide de la malicieuse Mavda, une sorcière dont les motivations ne sont pas si évidentes à déterminer de prime abord. Non loin de l’Observatoire, le lieu de vie d’Elena et Mavda faisant office de hub de quête de lieu de repos de stockage pour Aeron, se dresse une brèche où s’érigent les 13 tours. Chacune des tours est gardée par un Maître, dont la chair possède le pouvoir de délivrer Elena du mal dont elle souffre. L’action ne se fait pas attendre, tout comme la malédiction qui étend peu à peu son emprise sur Elena. Le compte à rebours est lancé et déterminera dès lors le rythme de jeu du joueur. Aeron devra régulièrement rapporter de la chair fraîche à sa belle avant que cette dernière ne soit totalement transformée : un système qui exige que le héros fasse plusieurs aller-retour entre l’Observatoire et les tours au cours de ses explorations. Cette occasion est aussi le moment où Aeron peut s’entretenir avec Elena et lui apporter des preuves de son attachement. Ces petits cadeaux servent plusieurs intérêts : Elena est capable de coudre certains équipements pour aider Aeron mais surtout, les contacts réguliers permettent d’augmenter une jauge d’affection entre les deux protagonistes, déterminante dans les derniers chapitres de l’aventure.
Passion déchaînée
Les quelques éléments de scénario posés, le challenge ne se fait pas attendre. La première tour, comme les suivantes, regorge de monstres dont Aeron devra se défaire pour progresser d’étage en étage. Le système de combat, toujours un peu redouté quand la wiimote est impliquée, exprime alors pleinement son bienfondé. Dès les premières minutes, on prend connaissance des différentes options dont Aeron dispose pour se défaire de ses ennemis. Son épée (upgradable) mais aussi et surtout la chaîne d’Okanos dont les utilisations sont multiples. Elle peut lier les membres d’un ennemi, l’aveugler, ou être utilisée pour l’assommer ou le traîner au sol. Particulièrement utile pour temporiser les combats en immobilisant un assaillant, elle devient indispensable pour se défaire des Maîtres et activer les mécanismes permettant de progresser dans les donjons. La prise en main est simple, la chaîne s’utilise en pointant l’écran et en agitant la wiimote, tandis que les contrôles manette permettent de donner des coups d’épée, chargés ou non. Le Nunchuck lui est mis à profit pour réaliser certains combos à l’épée comme à la chaîne et se déplacer. Une savante combinaison de techniques de combat qui, sans fatiguer le joueur physiquement, apporte suffisamment d’options pour ne pas lasser et conserver un certain niveau de challenge. Si les énigmes des donjons ne sont pas bien complexes à élucider, les combats sont exigeants et impliquent une approche stratégique quasi systématique. La difficulté, bien dosée du début à la fin, peut s’adapter de manière naturelle et flexible. Ainsi, de nuit, les donjons se peuplent d’ennemis bien plus redoutables et de récompenses à la hauteur du défi : de quoi satisfaire les joueurs exigeants qui maîtrisent le gameplay sur le bout des doigts.
La tour qui cache la montagne
Vous l’aurez compris, sous ses apparences simplistes, Pandora’s Tower fourmille de petites subtilités et de détails qui enrichissent l’expérience de jeu. Le scénario prend de l’ampleur en découvrant des livres répartis dans les niveaux et au fil des discussions et des interactions entre les différents protagonistes. La jeune femme, même si parfois bien mièvre dans ses attitudes, motive à poursuivre l’aventure tambours et coeur battants. Sa funeste situation introduit un stress constant qui rajoute une dimension épique à la quête d’Aeron : l’alchimie prend presque immédiatement et s’intensifie à mesure que la relation d’Elena et Aeron évolue, happant le joueur dans une délectable addiction. Les ratés graphiques de certains environnements et la gestion parfois discutable de la caméra fixe se font heureusement oublier grâce à la richesse indiscutable du gameplay et de l’ambiance générale du titre. Car malgré tout, dans cet océan de perfection, Pandora’s Tower souffre de quelques orientations discutables. Certaines idées, bonnes sur le papier, ne sont pas forcément convaincantes en jeu. Le système de loupe notamment, qui met l’accent sur certains détails dont on se serait volontiers passé. Les limites de la Nintendo Wii qui auraient pu passer inaperçues sont ainsi mises en lumière par des zooms « bouillies de pixels » qui ne sont ni du plus bel effet, ni vraiment pertinents en termes de gameplay. Le système de lock des ennemis est entièrement lié à l’orientation de la caméra fixe. Cette dernière, parfois capricieuse, force le joueur à faire des roulades et de multiples déplacements dans l’unique but de recentrer la vue convenablement et d’échapper à une mort quasi certaine. Ce défaut dont on fait l’expérience dès les premiers niveaux s’appréhende néanmoins assez facilement : on s’y laisse prendre une fois mais pas deux. La méthode comporte également quelques avantages dont celui de guider assez astucieusement les joueurs les plus observateurs.
Une chanson de geste
Parfois peu innovant dans son bestiaire ou dans ses environnements, Pandora’s Tower réussit là où beaucoup de jeux de rôle / aventure échouent : proposer une expérience qui prend aux tripes et un univers gothique superbement porté par des musiques tirées du répertoire romantique classique. Dès lors, les menus défauts du jeu sont balayés d’un revers de Wiimote et l’envie de se fait pressante de crier au génie. Décoller les yeux de ce jeu devient un véritable défi et son issue, au bout d’une petite trentaine d’heures de jeu, rend déjà nostalgique. On aimerait revenir quelques heures en arrière, au moment où on découvrait pour la première fois Aeron, Elena, Mavda et la brèche qui transperce le monde d’Okanos. La relation entre Aeron et Elena, entretenue avec plus ou moins de soin par le joueur, vient apporter un dernier soubresaut au titre, et a bien plus à offrir que des cinématiques alternatives. En considérant le level-design des donjons et certains aspects du gameplay, on ne peut s’empêcher de faire le rapprochement entre Pandora’s Tower et The Legend of Zelda Skyward Sword. Mais à l’inverse de celui de Link, le contrôle d’Aeron n’impose pas au joueur de se démener comme un diable pour faire entendre raison à la Wiimote. Avec son identité forte, son ambiance originale, ses graphismes séduisants et son game system parfaitement maîtrisé, Pandora’s Tower rejoint le haut du panier des jeux de rôles et d’aventure proposés récemment sur Nintendo Wii. En plus de réintroduire le dungeon-RPG, un très vieux genre qui manque beaucoup au paysage vidéo-ludique, Pandora’s Tower peut s’enorgueillir de le faire d’une façon originale et efficace. Un indispensable pour les amateurs de RPG et de jeux d’aventure en quête d’une expérience capable de proposer un compromis intéressant entre respect des traditions et jouabilité innovante.
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