Voilà quelques années déjà que notre chère âme torturée n’avait pas foulé les terres vidéoludiques pour un comeback à l’odeur de poudre et d’hémoglobine. Max Payne 3 aurait ainsi justement de quoi nous laisser rêveur à la simple idée du succès habituel de la franchise. Car s’il est des héros que la vie n’a pas épargné, en bon maître de guerre, Max Payne, entre d’office et de plein pied dans cette douloureuse catégorie. Après presque dix ans d’absence, que penser alors du retour du flic le plus endeuillé du monde ? Humour noir et fusillades, répliques viriles et alcoolisées, ambiance sombre et danger de mort constant : un cocktail qui fonctionne à nouveau?La réponse sans plus tarder !
Test de Max Payne 3 sur PlayStation 3
Max(imum) Pain !
Qui dit Max Payne dit souffrance maximale, la chose est aussi évidente qu’un été passé à travailler dans le rayon réfrigéré d’un magasin de grande distribution peut être douloureux. Développé cette-fois par Rockstar, studio dont la renommée n’est plus à faire, ce nouvel opus aurait justement pu être synonyme de douleur, voire de déception pour les fans, tant le changement d’équipe s’avère parfois désastreux pour la pérennité d’une franchise. Car c’est un héros déchu (et pas qu’un peu) mais terriblement charismatique que Remedy nous avait laissé en 2003, date du dernier épisode. Quoi de neuf alors dans la vie d’un alcoolique à la ramasse ? « Emmenez-moi au bout de la Terre, il me semble que la misère serait moins pénible au soleil », voici comment en peu de mots les paroles de Charles Aznavour (qui n’a vraiment, mais vraiment rien à voir avec ce test) pourraient élégamment résumer tout le dramatique de Max Payne 3. En effet, le début de l’aventure permettra de retrouver Max, désormais agent de sécurité pour le compte d’une riche famille de Sao Paulo. Sous un soleil de plomb côtoyant la misère la plus totale des favelas, l’ancien flic aura ainsi pas mal de soucis à se faire.
Car rien n’est jamais simple quand on porte sur soi le poids de la perte d’êtres chers. Toujours alcoolique et furieusement accro aux antalgiques, Max Payne semble plus que jamais maudit. Exit la ville de New York et avec elle les péchés du passé ? Non, car si la trame scénaristique nous conduira rapidement dans une sombre affaire de kidnapping, la construction de l’histoire intègre un certain nombres de flash-back. Ceux-ci amèneront le joueur à comprendre les motivations du départ soudain du héros et, entre autres, son changement radical de look, façon Monsieur Propre. La chose est d’ailleurs ironiquement bien trouvée, car un homme chauve et musclé qui fait le ménage ne laisse à priori aucun doute sur son identité ! Sans entrer dans les détails du scénario, il suffit simplement de préciser que tout commencera par l’enlèvement de Fabiana Branco, la jeune épouse de l’homme d’affaire pour qui Max travaille. Naturellement, les ennuis seront loin, très loin de se résumer ce simple enlèvement : mieux vaudra sortir la mitraille et accrocher ses nerfs pour l’occasion ! Et c’est tant mieux, car côté gameplay, la nouvelle production de Rockstar a pour ainsi dire de quoi réjouir tout un régiment de «gamers» assoiffés de sang. En effet, Max Payne 3 fait tout simplement honneur à la série, puisque l’on retrouvera les mêmes caractéristiques de jeu qui firent le succès de la saga. Les Bullet Time sont ainsi de retour, proposant comme par le passé une expérience unique : ralentir le temps permet de décocher quelques tirs bien sentis et de gagner une avance non négligeable sur un IA plutôt bien ficelée.
Mais ce n’est pas tout, car Max pourra également sauter en l’air, le ralenti de l’action offrant encore une fois un avantage tactique efficace. Attention cependant, car il ne faudra pas abuser pour autant de cette technique, utiliser le système de couverture via la pression sur un bouton étant un choix plus avisé pour rester en vie durablement. Malgré tout, les shootdodge resteront donc un moyen tactiquement et visuellement intéressant lorsqu’il s’agira de fuir ou, tout simplement, de faire une entrée fracassante dans une pièce remplie d’hommes de mains armés jusqu’aux dents! Car bien qu’un peu (beaucoup) usé par le temps et l’alcool, le flic le plus sombre des temps modernes se montre d’une efficacité redoutable avec une arme à feu entre les mains. Un talent que l’on retrouve aussi au corps à corps, puisque ce dernier peut également rosser quelques malandrins avant de les exécuter de sang froid.
Une ambiance hostile qui a du style
Toutes ces réjouissances, aussi macabres puissent-elles paraître, ne constituent au fond qu’un parfait équilibre. Celui d’un jeu où l’action et les fusillades ne seraient rien sans une ambiance exceptionnelle. Car Max Payne 3, en plus de constituer une réussite visuelle, est une véritable claque. Entre des cinématiques mises en scène avec brio, des graphismes qui fourmillent de détails et des effets de lumières en adéquation parfaite avec la noirceur du héros, le «soft» se pay(n)e le luxe d’être immersif à tous les niveaux. En effet, face à une esthétique qui flatte la rétine, le scénario et la qualité des doublages sont du même acabit. Les répliques acerbes et l’humour noir de Max sont ainsi au rendez-vous, donnant un air de polar sorti d’un autre temps à cette production vidéoludique.. La voix du narrateur (celle de Max) habille ainsi les séquences de jeu avec une élégance et une intelligence rare et, surtout, met en scène de nombreuses répliques parfois drôles et cruelles, à propos de la condition pathétique de Max : le flic qui sommeille en l’alcoolique instaure ainsi toute une dualité entre le chute et l’ascension d’un héros déchu, en permanent balancement entre ces deux états. Bref, que dire de plus sans trahir le scénario de la campagne, si ce n’est que le divertissement est de très bonne facture? Immersive et haletante, l’histoire de Max Payne 3 constitue déjà à elle seule une raison valable pour se jeter à corps perdu dans l’aventure !
Mais, pour la première fois dans l’histoire de la série, le multi est également au rendez-vous. Une occasion de se frotter à d’autres joueurs, dans des parties plutôt bien rythmées où l’adrénaline ne manque pas. Car, en plus de proposer un mode histoire brillant, le titre de Rockstar se pare d’autres atouts. En effet, sur le même gameplay qu’en solo, intégrant brillamment le bullet time, il sera possible de reproduire les guerres de gangs les plus sanglante sur des maps directement inspirées de la campagne. Doté d’un système de classes et d’expérience, le multijoueurs de Max Payne 3 risque fort de faire des émules, d’autant que la gestion de l’équipement et du système communautaire, permettant de créer sa propre équipe (gang) pimentent considérablement l’expérience de jeu. On y retrouve notamment les classiques «affrontements» en solo, ou en équipe, mais également l’ingénieux mode «guerre de gangs», dans lequel jusqu’à 16 joueurs pourront participer à un jeu de massacre tout en finesse ou en fracas, au choix .
Reste enfin le mode arcade, indépendant du multijoueurs, qui offre l’opportunité aux acharnés de rejouer les missions de la campagne, en tentant d’améliorer le score ou le chrono… Plaisant, mais surement le moins utiles des modes de Max Payne 3, même si l’ensemble comporte un réel intérêt pour ceux qui aiment le challenge !
Une descente aux enfers qui a du bon
Que dire à l’heure de conclure ? Max Payne 3 est clairement une réussite. Un homme plongé dans la tourmente, au cœur d’une affaire aussi sombre que les démons qui habitent son passé, voilà de quoi livrer les bases d’un scénario solide auquel viennent se greffer des qualités plus qu’appréciables. Le « soft » est nerveux, sa réalisation est soignée aux petits oignons, le tout pour un résultat impeccable. Certes, on aurait peut-être souhaité un héros plus rapide, mais il demeure que Max est toujours aussi prompt à dégainer son arme. On renoue avec le Bullet Time et les fusillades à l’adrénaline pour un résultat détonnant.
Max Payne 3 est une expérience immersive et complète que le multijoueur achève de couronner. En un mot, un bouteille de grand cru !