Développé par CI Games, ex-City Interactive (les personnes qui ont commis Terrorist Takedown ou Sniper : Art of Victory), Enemy Front vous place dans la peau de Robert Hawkins, jeune journaliste proche de la résistance polonaise. Vous combattrez, en effet, aux côtés de l’Armée de l’Intérieur, mouvement qui donna du fil à retordre aux allemands durant toute leur occupation de Varsovie.
Test de Enemy Front sur PC
Enemy Front partait bien…
Sur le papier, jouer parmi les résistants polonais paraissait être une bonne idée. Non seulement il existait une demande pour un FPS dans le contexte de la seconde guerre mondiale après des graphismes et un gameplay récent, mais l’idée de départ changeait des habituels SAS/Marines/Soviétiques. Sans me faire d’illusions sur la qualité générale du jeu, je m’attendais toutefois à un contexte bien maîtrisé (CI Games sont eux-même polonais) et proposant de véritables opérations de résistance. Il n’en est rien. Tout d’abord, un grand de nombre de missions ne se situent pas en Pologne, mais en France, Afrique du Nord, Italie etc. et si les missions sont proposées comme des actions armées que Varsovie ou Paris ont pu vivre entre 40 et 45, ce ne seront que des batailles rangées un peu maquillées, ou l’écueil habituel du FPS moderne : le one man army.
Venons-en au personnage principal : Robert Hawkins. Jeune journaliste plein d’arrogance et accro au scoop. La guerre n’est pour lui qu’un moyen de décrocher la plus belle exclusivité possible, d’où son engagement dans la résistance française puis polonaise. D’ailleurs, on ira sauver une certaine Joséphine Aubrac, mélange entre Joséphine Baker et Lucie Aubrac qui flirte allègrement avec le mauvais goût tant le personnage, qu’on aperçoit seulement quelques minutes, parait déjà comme un cliché. Malheureusement, Mlle Aubrac n’est pas le seul personnage cliché et tous les protagonistes du jeu sont frappés par cette sorte de malédiction.(SPOILER) Le notre se rendra, par exemple, progressivement compte que la guerre, c’est mal, et que ça ne sert pas seulement à faire des scoops. Youpi. Je ne parlerai même pas des dialogues tout simplement honteux et très mal joués.
Un gameplay et un level design médiocre
Je ne comprendrai comment on peut rater le gameplay de base d’un FPS de nos jours. Il existe déjà une quantité pléthorique de jeux qui proposent un gameplay déjà éprouvé par des millions de joueurs. Alors, pourquoi ne pas simplement le reprendre en l’adaptant seulement un peu ? Dans Enemy Front, notre avatar est excessivement lourd et lent. Si porter une arme ralentit effectivement un individu en réalité, cet argument ne peut pas être utilisé dans le cas du titre, tant le gameplay est arcade avec des armes sans recul et feeling. De plus, on remarque à peine lorsqu’on se prend une balle (seul de légers reflets rouges envahissent les côtés de l’écran), et il m’est arrivé plusieurs fois de mourir s’en m’en rendre compte. D’ailleurs, chaque mort était synonyme de plantage du jeu, sur ma configuration pourtant de bonne qualité.
Pour en dire un peu plus sur les armes, vous finirez uniquement par jouer au fusil à verrou grâce à sa capacité à one-shot chacun de vos adversaires et surtout pour bénéficier de la magnifique killcam emprunté à Sniper : Ghost Warrior lorsque vous avez le malheur de jouer avec un fusil à lunette.
Un des principaux arguments de vente d’Enemy Front était son gameplay émergent dans ses niveaux ouverts. En réalité, il s’agira de choisir en deux ou trois manières de jouer : le rentre-dedans, l’infiltration ou le snipe. A nouveau, sur le papier, l’idée est bonne. Seulement, le rentre-dedans est gâché par le fait qu’on voit mal les dégâts qu’on reçoit et l’infiltration est incroyablement longue et lourde. Il ne reste donc que le fusil de sniper pour nous assurer une certaine sécurité et un minimum de fun. Enfin, cela consistera surtout à faire caca derrière une caisse en attendant que des allemands stupides sortent de leur cachette. Ah, et ne vous attendez pas à un monde ouvert, les niveaux consistent en de simples arènes relativement ouvertes séparées par des couloirs. C’était également le cas dans Crysis 2 me direz-vous, mais dans Crysis 2, c’était fun.
C’est laid, bugué et court
Lorsqu’on lance le jeu, CI Games nous rappelle fièrement que le jeu a été achieved with CryEngine. Je ne comprend pas comment les développeurs se sont débrouillés pour, avec un moteur réputé pour sa beauté, rendre un jeu graphiquement très moyen avec des textures approximatives et aucune finition. Les effets d’explosions sont mal rendus, les armes sont moyennement modélisées, les modèles des personnages assez moches. Quant aux animations, si elles sont parfois approximatives, elles sont sauvées de la catastrophe. Ça sent l’amateurisme pour un développeur qui a pourtant de nombreuses années derrière lui.
Si encore, le jeu était proprement codé, on pourrait lui pardonner ses défauts pour son prix relativement peu élevé (30€ sur PC, 40e sur consoles), mais l’expérience, déjà moyenne, est entachée par de nombreux bugs. Si ceux-ci sont parfois cosmétiques, c’est-à-dire sonores ou graphiques, le titre nous offre des plantages réguliers, lorsqu’on quitte le jeu ou sans raison. Enfin, c’est au moins réparable avec un patch. Par ailleurs, on ne sait pas trop si l’IA est juste complètement stupide ou carrément bugué, notamment lorsqu’on la voit tenter de tuer un mur. En plus de ces bugs, le jeu se paye le luxe d’avoir une optimisation ratée sur un moteur pourtant connu. Ça freeze, certaines textures chargent mal et c’est surtout assez gourmand par rapport aux graphismes offerts.
Heureusement, le jeu ne dure pas plus de 7 heures et la campagne est assez rapidement bouclé (avec une magnifique scène de fin, d’ailleurs). Ne comptez pas sur le multijoueurs pour relever le niveau : ça lagge, le gameplay est tout aussi médiocre, et il n’y a aucun contenu. Seuls 3 modes de jeu et quatre cartes sont, en effet, disponibles dans le cadre du multi. Si toutefois vous souhaiteriez y jouer, bonne chance pour trouver un serveur avec plus de 5 joueurs.
Conclusion Enemy Front
Vous l’aurez compris, Enemy Front est à déconseiller. Mis à part son pitch de départ sympa, le titre est raté de bon en bout, n’offrant aucun bon moment de jeu. Si, comme moi, vous êtes amateurs de FPS dans le cadre de la Seconde Guerre mondiale, il ne vous restera plus qu’à relancer un vieux Medal of Honor ou Call of Duty.