Licence emblématique de Blizzard, Diablo retrouve ses fans après douze longues années d’absence dans une mouture résolument orientée grand public.
L’attente a été tellement longue, le jeu tellement hypé qu’il a été très difficile de l’aborder sans préjugés et idées préconçues. Pourtant, malgré quelques défauts évidents, force est de constater que Blizzard réussit une fois de plus à faire opérer sa magie, et ce malgré une recette qui commence vraiment s’user.
Test de Diablo 3 sur PC
Commençons par l’un des points qui a été largement critiqué: la nouvelle orientation graphique du titre. Les nostalgiques du style très gothique omniprésent dans les deux premiers épisodes de la série n’ont pas hésité à monter au créneau pour dénoncer la direction artistique de Diablo 3, qui a décidé de mettre un peu plus de couleurs dans sa recette. Le résultat, que l’on aime ou non, est incontestablement réussi. Le style architectural reste gothique, les personnages soignés et on est au final bien loin du côté “Disney†longtemps reproché à World of Warcraft que les puristes craignaient de voir débarquer sur Diablo 3. Oui, le titre se démarque de ses prédécesseurs mais non, ce n’est pas le monde des bisounours.
Passons rapidement sur l’histoire, le salaire scénaristes ayant sans aucun doute représenté la plus faible partie du budget du jeu tant le déroulement est linéaire et offre peu de rebondissements. Tout est dit sur l’affiche de l’arrêt de bus ou de la vitrine du magasin de jeu vidéo: le mal est de retour (et il va falloir le vaincre). En même temps il serait injuste d’attaquer Diablo sur son scénario, car le concept central du jeu se rapproche plus de Doom que de Baldur’s Gate. Le but du jeu est clairement défini et connu de tous : tuer le prince de la terreur et si possible renvoyer en enfer un maximum de démons avec lui.
Pour cela le joueur peut choisir entre 5 héros différents répartis en 2 catégories: les classes de corps à corps et celles à distance. Là encore, pas de grande révolution dans les principes qui régissent les jeux de rôle depuis la nuit des temps puisque le Barbare et le Moine sont plus résistants mais moins mortels que le Sorcier, le Féticheur et le Chasseur de Démons. D’ailleurs, à part le Féticheur, il n’y a pas véritablement de nouveau personnage par rapport aux deux opus précédents. Le Moine revient tout droit de l’extension de Diablo I tandis que le Barbare et le Sorcier signent leur retour après avoir massacré un nombre incalculable d’ennemis dans le 2ème épisode de la saga. Le Chasseur de Démons et ses armes à distance n’est autre qu’une version remaniée de l’Amazone de Diablo II. Même le Féticheur reprend quelques mécaniques d’invocation du Nécromancien, bien qu’il se démarque de ce dernier par d’autres sorts bien spécifiques à sa classe de magicien Vaudou.
Bon maintenant que le point a été fait sur le maquillage, intéressons nous au coeur du sujet: le gameplay. Le concept du jeu repose sur 3 piliers: trouver le bon mix de compétences pour son personnage, tuer un maximum de monstres (si possible en même temps dans une mare de sang) et récupérer un maximum d’objet magiques pour tuner son héros et le rendre encore plus fort. Cela ne vous rappelle pas un autre titre de Blizzard? Qui commence par World et finit par Warcraft ? Le MMORPG de Blizzard s’est d’ailleurs clairement inspiré des fameux arbres de talents présents dans les deux premiers Diablo et du système de d’objets magiques basé sur les statistiques (Force, dextérité, intelligence etc.). Comme pour se démarquer un peu de ses autres titres produits ses 15 dernières années, Blizzzard a complètement abandonné le système d’arbre de talent dans Diablo 3 pour permettre au joueur d’accéder à toutes les compétences de son personnage, se reprochant plus du système d’un Guild Wars. C’est à dire que, contrairement à l’arbre de talent où le joueur choisit quelles branches il privilégie pour accéder aux abilités les plus puissantes, ici il peut à tout moment remplacer une abilité par une autre.
C’est un peu déroutant au début, car les abilités et les 6 runes uniques qui sont attachées à chacune d’entre elles sont débloquées automatiquement et progressivement au cours des 60 niveaux que peuvent atteindre les personnages. Le joueur n’a donc plus à faire de choix cornéliens ni de sacrifices parfois saugrenus, obligeant un personnage à mettre des points dans des compétences parfaitement inutiles uniquement dans le but d’accéder à d’autres plus puissantes situées en aval de celles-ci. Et comme dans WoW, les statistiques du personnage augmentent également automatiquement à chaque passage de niveau. Le joueur n’a donc plus qu’à se concentrer sur les 6 compétences actives et 3 passives que son personnage peut posséder au niveau 60. Et c’est tant mieux ! Car si l’on y regarde de plus près et que l’on compare ce système à celui de l’arbre de talents on y trouve deux avantages indéniables: on peut vraiment choisir les compétences que l’on veut sans devoir s’embarrasser de talents inintéressants et on peut “respecâ€, c’est à dire changer ses compétences, à tout moment sans passer voir un maître de classe (comme c’est le cas dans la quasi totalité des MMORPG notamment), procédé rapidement fastidieux et coûteux. Enfin, le fait d’associer 6 runes uniques modifiant chacune des quelques cents compétences différentes du jeu rend les possibilités nettement plus variées qu’avec le système d’arbres de talents. Un changement majeur de gameplay qui bénéficie grandement au côté arcade et nerveux du jeu.
Une fois les compétences de son personnage choisies on peut partir à l’assaut des hordes de démons qui peuplent les 4 zones (actes) du jeu, chacune défendues par un vilain archidémon. Lui et ses hordes de démons cornus, zombies explosifs et autres monstruosités sont d’ailleurs bien décidés à vous réduire en bouillie à la moindre occasion, et il faudra trouver un équilibre subtil entre les compétences offensives et défensives de son personnage pour venir à bout des 4 niveaux de difficulté du jeu. Fidèle à leur concept facile à comprendre mais difficile à maîtriser, le développeurs de Blizzard proposent dans Diablo 3 une progression graduelle mais extrême de la difficulté, passant de ridicule pour le mode “Normal†à écoeurant pour le mode “Armageddonâ€. Et pour les joueurs qui veulent vraiment frémir à chaque couloir, le mode Hardcore propose le défi ultime puisque la première mort du personnage est définitive, alors qu’elle n’est normalement pénalisée que par une perte de temps et de pièces d’or.
Pour survivre en Armageddon, ce n’est plus uniquement une question de “build†(sélection de compétences) ni de talent du joueur, mais surtout et avant tout une question de “stuffâ€, c’est à dire de l’équipement porté par le personnage. En effet, pour parvenir à bout du mode le plus difficile il faudra trouver ou acheter via l’hôtel des ventes l’équipement parfait pour son personnage. Et c’est ce point en particulier qui rappelle un peu trop le end game de World of Warcraft, ou finalement le jeu se résume à une course au “stuffâ€. La bonne vieille recette de Blibli à la sauce Diablo.
Côté multijoueurs en revanche on pourrait presque parler de révolution. La simplicité avec laquelle on peut rejoindre la partie d’un ami et passer d’une game à l’autre est sidérante. L’interface, réduite à une simple liste d’amis, permet en un clic de créer ou de rejoindre une partie avec des amis. C’est tellement bien fait qu’à partir du moment où l’on a un ou deux amis connectés, c’est presque impossible de préférer jouer seul tellement le mode multijoueur est jouissif et intuitif. C’est vraiment du jamais vu et chapeau bas messieurs les développeurs, c’est une franche réussite qui fera sûrement école.
Mais toute lumière projette également de l’ombre. Quelques points de méta-game (en dehors du jeu en lui-même) en particulier viennent noircir le tableau et poser des problèmes majeurs. Tout d’abord le choix de Blizzard d’imposer aux joueurs le mode “Always Onlineâ€, qui oblige le PC à être connecté à internet en permanence sous peine de voir la partie immédiatement interrompue. Un choix qui a coûté très cher à l’éditeur pusique le lancement du jeu le 15 mai dernier a été un véritbale fiasco mondial. Certains joueurs n’ont pas pu jouer pendant une période allant jusqu’à 15 jours après sortie, pour cause de serveurs pleins à craquer. Une situation difficilement compréhensible de la part de l’éditeur également aux manettes de WoW (plus de 10 millions d’abonnés) et probablement le plus expérimenté dans le domaine du jeu en ligne. Et comme aux pires heures de WoW, Blizzard s’est plus fait remarquer par son mutisme que par sa volonté de communiquer sur les problèmes avec sa communauté véritablement ulcérée par le comportement de l’éditeur. Pire, à l’heure du lancement, certains bugs majeurs remontés durant la beta n’avaient pas été corrigés, privant quelques malheureux de jeu pendant plusieurs heures. Pour couronner le tout, certaines failles de sécurité ont été immédiatement exploitées par des hackers. De nombreux comptes de joueurs ont été forcés et les personnages délestés de leur or et de leur équipement.
Enfin, comme l’a relevé Slaelia, certains s’interrogent sur la pertinence de l’Hôtel des Ventes en Euros, qui permet aux joueurs de s’acheter des objets virtuels pour des sommes d’argent dépassant parfois les centaines d’euros, Blizzard empochant à chaque transaction une copieuse commission allant jusqu’à 30 % du montant. Certains joueurs ont donc le légitime sentiment d’être pris pour des vaches à lait, en plus d’avoir eu droit à un lancement désastreux. Même si le jeu reste un succès commercial inégalé sur PC, la réputation de Blizzard, déjà sur la mauvaise pente depuis sa fusion avec Activision et son sulfureux boss Bobby Kotick, n’est pas sortie indemne de cette bérézina.
Des tracas dont se seraient bien passés tous les fans de Diablo 3 qui n’avait qu’une seule envie à assouvir : fracasser du démon jusqu’à ce que mort s’en suive pour la souris ! Et malgré toutes les polémiques et frustrations, Blizzard a quand même su remettre au goût du jour un système de jeu usé jusqu’à la corde grâce à une réalisation quasi sans-faute, un mode multijoueur exceptionnel et un gameplay toujours aussi addictif ! Et vous pouvez aussi consultez vos statistiques et les partager avec vos amis grâce au site officiel de Diablo 3.