Lightningamer vous propose une nouvelle rubrique basée sur le cinéma. De façon mensuelle, une critique verra le jour sous l’œil bienveillant de nos intervenants. Aujourd’hui, c’est Agathe qui nous livre ses impressions et ses pensées sur le dernier long métrage du maître Miyazaki, le bien nommé Le vent se lève.
Le vent se lève…Miyazaki -que dis je- le MAÎTRE Miyazaki nous avais promis un dernier chef d’oeuvre. Il ne nous a pas menti.
Le Vent Se Lève nous invite à suivre la vie de Jiro Horikoshi, un ingénieur aéronautique japonais qui s’illustrera dans son pays en créant le fameux chasseur Zéro, tristement célèbre pour avoir été un facteur déterminant dans la victoire japonaise lors de la terrible bataille de Pearl Harbor…
Alors, Miyazaki a choisi la guerre et ses horreurs comme sujet pour son film « testament » ? Et bien non : tout d’abord, Miyazaki a déjà dénoncé la guerre dans ses précédents films (« Porco Rosso« , « Le Château Ambulant » mais surtout « Mononoke Hime« ), mais ce que souhaite créer Miyazaki ici, c’est un alter ego, un rêveur comme lui et sur ce point Jiro Horikoshi correspond parfaitement. Et cela se ressent dès l’ouverture du film, où l’on assiste au rêve du petit garçon qui rencontre Caproni (un créateur d’avions italien) l’invitant à grimper dans sa dernière création pour aller au delà des nuages, puis au réveil de ce garçon qui affirme que plus tard il inventera des avions : pas de doute, ce garçon, c’est Miyazaki qui a toujours rêvé de faire des dessins animés. De plus, Miyazaki n’hésite pas à étaler son savoir-faire dès les premières minutes du film, nous aidant à retrouver la magie que nous voyons dans chacune de ses œuvres.
On va suivre la vie de ce garçon, qui jamais ne faillira à sa promesse et tentera tout pour créer un avion révolutionnaire : on partagera ses rêves, on sera confrontés aux aléas de la vie qu’il rencontre, on rira avec lui lors de moments de bonheur simples et on souffrira lorsque des malheurs le frapperont. Caproni sera toujours présent à ses côtés, comme un mentor, l’aidant à survivre en lui rappelant son rêve.
On peut considérer que le but premier est de dépeindre une vie, LA vie même, faisant de lui son film le plus adulte à ce jour. Et oui, dans ce film, on ne retrouve nullement les choses qui ont marqué la filmographie de Miyazaki à savoir le fantastique ou encore les créatures surnaturelles, que j’ai traduit tout d’abord par un manque. Mais au long de ce film, réaliste et ancré dans l’histoire (les personnages ont existé), on trouve la magie autre part.
De plus, le film aborde des sujets graves et sensibles tels que le tremblement de terre du Kantô de 1923, la Grande Dépression, la terrible épidémie de tuberculose, l’entrée en guerre du Japon ou encore les ravages même de cette guerre. Mais cette horreur est devinée car très peu montrée. L’avion crée ici n’est pas au service de la guerre aux yeux de Jiro, mais au service de l’avancement technologique japonais mais plus que tout au service de ses propres rêves.
Mais, Miyazaki prend le temps de nous conter une douce histoire d’amour entre le héros et une jeune fille qu’il rencontre lors du tremblement de terre. Certains la qualifieront comme la plus jolie et la plus tendre de sa filmographie mais je reste personnellement attachée à Hauru et Sophie ou encore Haku et Chihiro (je me mens à moi même, je les aime tous..)
Le Vent Se Lève peut se voir -à juste titre- comme étant LE film d’une maturité absolue pour Miyazaki. On peut aussi le considérer comme un film testament. Pourquoi ?
- Le film tourne autour du vent, l’un des rares éléments que l’on retrouve dans tous ses films.
- Certains dialogues ont une portée symbolique « un artiste n’a que dix années de création » ou encore « il faut savoir s’arrêter »
La réalisation est irréprochable et la qualité de l’animation est proche de la perfection. Tout cela rehaussé par une musique merveilleuse mais aussi langoureuse que l’on doit à Joe Hisaishi, ami de longue date du réalisateur. Voilà, Le Vent se lève est un chef d’oeuvre, moins merveilleux et plus adulte qu’à l’habitude de Miyazaki. Sans être LE chef d’oeuvre, il reste tout de même UN chef d’oeuvre du réalisateur. Néanmoins, à la fin, j’ai dû me faire violence pour ne pas laisser une larme s’échapper. Non pas pour la tristesse du film, mais parce que je me suis rendue compte que ça y est, c’est fini, c’est le dernier film de Miyazaki.
Je n’ai qu’une chose à dire : Merci Hayao Miyazaki pour toutes ces heures de bonheur que vous nous avez offert.