Ah Silent Hill ! Sa petite brume mystérieuse, sa rivière pittoresque, ses sympathiques habitants… Quel bonheur que de pouvoir à nouveau fouler ses ruelles animées et de goûter à une hospitalité sans pareille. Il aura fallu attendre trois longues années pour voir enfin débarquer un nouvel épisode de la série fantastique dans nos bacs, si l’on fait abstraction de Silent Hill : Shattered Memories, qui n’est en fait qu’un remake du jeu original sorti en 1999.
Test de Silent Hill Downpour sur PlayStation 3
Une fois n’étant pas coutume, Konami a fait le choix de confier le développement de Silent Hill: Downpour à un nouveau studio. Cette fois sont les Tchèques de Vatra Games qui se sont attelés à la tâche, et pour un studio quasiment inconnu ils ont fait plutôt du bon boulot. Car ne nous voilons pas la face, depuis Silent Hill 3 la série était plutôt en perte de vitesse.
Un peu comme pour les films d’horreur, il n’est pas toujours simple de sortir régulièrement une nouvelle itération d’une IP (Intellectual Property en anglais, comprenez licence) sans tomber dans le piège de la répétition, et donc éventuellement de décevoir son audience. C’est bien toute la difficulté de ce Silent Hill : Downpour. Comment provoquer chez le joueur les mêmes frissons qui ont fait de la trilogie initiale un véritable produit culte ?
Commençons donc par planter le décor. Cette fois-ci le joueur incarne Murphy Pendleton, un prisonnier dont le bus fait une sortie de route lors de son transfèrement vers la prison de haute sécurité de Wayside. Murphy se réveille seul au fond d’un ravin et se met à la recherche d’une sortie qui le mènera tout droit à Silent Hill. Bien entendu son histoire personnelle et celle des personnages secondaires sont bien plus complexes et tiendront en haleine le joueur tout au long de son aventure. On connaissait déjà l’église, l’hôpital, le centre commercial, et donc dans Downpour on aura le droit de visiter entre-autres lieux maudits la mine et la prison du coin. Comme dans les opus précédents, le jeu alterne entre les phases réelles de la ville embrumée quasi-déserte et celles où le joueur est plongé dans l’autre monde, tout aussi peu joyeux mais bien plus peuplé…
Graphiquement les artistes de Vatra Games ont vraiment bien réussi à recréer cet univers si glauque. Tout est lugubre à souhait, avec un style graphique qui fait penser à de sombres tableaux peints de ville fantôme avec ses diners américains, de mine, de monastère etc. On sent que le studio a essayé d’apporter sa patte à la série tellement les décors sont riches et variés pour une immersion réussie.
Malheureusement la réalisation technique n’est pas du même acabit. Les animations sont rigides et minimalistes, et quand on a voit de quoi est capable une PS3 avec des titres comme Uncharted 3 on est en droit d’attendre beaucoup mieux. Idem pour les mécaniques d’horreur usées comme une ville chaussette de sport trouée au niveau du gros orteil. Elles restent dans le registre des clichés les plus basiques (tronc d’arbre qui s’effondre après qu’on ait traversé le ravin, décollage intempestif de corbeaux détour d’un rocher etc.). On a parfois un peu cette impression d’être à bord d’un train fantôme à la kermesse du village.
Heureusement ces passages ne sont pas trop fréquents et ne viennent pas gâcher le plaisir de jouer. Une fois de plus, Silent Hill Downpour ne réinvente pas la roue et nous propose tous les composants du survival horror classique mais bien implémentés. Les énigmes, malgré un design simpliste, sont vraiment réussies. On ne peut malheureusement pas en dire autant du système combat nettement plus poussif, notamment à cause d’une ergonomie pas toujours évidente et d’ennemis qui ne posent pas de véritable challenge, même en rehaussant la difficulté du jeu. Il y a néanmoins aussi quelques nouveauté dans cet épisode, comme l’impact de la météo sur l’humeur des monstres. En anglais downpour signifie déluge, et quand Murphy se fait surprendre sous la pluie le bestiaire de Silent Hill se montrera nettement plus coriace et agressif. La progression, très linéaires durant les premières heures, offrira quelques agréables quêtes annexes une fois Murphy arrivé dans le centre-ville. Silent Hill Downpour propose d’ailleurs au joueur quelques choix moraux manichéens (« Est-ce que j’aide la gardienne de prison accrochée à la falaise ou est est-ce que je la laisse tomber? »), mais ceux-ci n’ont en revanche aucune conséquence immédiate sur l’histoire (eh non ce n’est pas BioWare qui développe le jeu). Il faudra attendre le dénouement pour voir ses choix récompensés par l’une des 6 fins disponibles.
Au final c’est donc un exercice vraiment difficile auquel se sont livrés les développeurs Tchèques, et il ont réussi une partie importante de la tâche : coller à l’esprit de la série. Maintenir en vie une série aussi brillante que Silent Hill deviendra inexorablement de plus en plus compliqué, les ficelles du genre commençant à être vraiment usées. En tous cas les inconditionnels de la série ne seront pas déçu du voyage, car malgré les défauts techniques et le gameplay usé une chose est sûre: c’est un vrai Silent Hill que nous livre Konami. Vous pouvez retrouver plus d’informations sur Silent Hill Downpour sur le site officiel de Konami.
Retrouvez notre article spécial sur l’OST de Silent Hill Downpour.