Développé par Compile Heart, qui est surtout connu pour sa série Hyperdimension Neptunia, Fairy Fencer F est une toute nouvelle licence où se retrouvent des grands artistes japonais comme Nobuo Noematsu pour la musique, Yoshitaka Amano et Tsunako au dessin et Toshiki Inoue, qui a notamment travaillé sur le scénario de Kamen Rider Agito et d’autres séries de Tokusatsu, à l’écriture. Fairy Fencer F est une exclusivité PlayStation 3 sortie l’année dernière au Japon et en ce mois d’octobre dans nos vertes contrées.
Test de Fairy Fencer F sur PlayStation 3
L’histoire de Fairy Fencer F
L’histoire de Fairy Fencer F nous plonge dans un univers où la Déésse et l’Infâme Dieu se sont affrontés il y’a de cela des éons. L’issue de cette bataille est un match-nul, où les deux Déités finissent épuisées et surtout scellées par des dizaines d’épées empalées dans leurs corps. Certaines de ces épées, en manquant leur cible, ont atterri dans le plan terrestre de Fairy Fencer F, où elles sont maintenant connues sous le nom de Fury. Chaque Fury contient une Fairy, une fée, capable de briser un des nombreux sceaux sur le corps des Dieux et ainsi permettre leur retour à la vie. Dans ce contexte, certains humains appelés Fencers sont à la recherche de ces épées magiques pour briser les sceaux.
Et au milieu de tout ça on découvre Fang, simple voleur de pommes et héros malgré lui, qui va se retrouver lié à la Fairy Eryn dans une quête pour libérer la Déesse de Lumière et retrouver la mémoire de sa nouvelle amie. Alors certes le scénario de Fairy Fencer F n’est pas très original ni même franchement passionnant à suivre, mais c’est une bouffée d’air frais par rapport aux autre productions de Compile Heart qui se résument souvent à un scénario tenant sur un post-it avec des personnages complètement creux et antipathiques. Ce changement est surtout dû à un ton beaucoup plus sérieux, moins porté sur les blagues faciles ou à caractère sexuel, même si Fairy Fencer F n’oublie pas ses racines avec quelques moments de fan-service.
C’est donc un mieux côté histoire et personnages, même si on est en droit d’en attendre beaucoup plus de la part de Toshiki Inoue, surtout après son travail sur des séries comme Choujin Sentai Jetman où les personnages étaient attachants et l’histoire vraiment bien ficelée.
Mais en fait le problème principal de Fairy Fencer F en termes de narration se situe dans son rythme : on est littéralement noyé sous les cutscenes et les écrans de tutoriels, et ce dès le début du jeu. Par exemple, lors de ma premier partie de Fairy Fencer F, j’ai joué moins d’une heure pour près de deux heures de lecture. En temps normal ça ne me pose aucun souci, et j’irais même jusqu’à dire que j’aime ça au vu de mon dernier test sur Dangaronpa 2, mais cela suppose d’avoir une découpe intelligente du temps de jeu. Fairy Fencer F vous impose des montagnes de textes au détour d’une phase de gameplay, juste quand on commençait un peu à s’amuser, ou un tutoriel quand on veut simplement équiper une pièce d’armure comme cela se fait dans tout les RPG depuis vingt ans. Et cette structure narrative n’est pas nouvelle, c’est un défaut commun à beaucoup de jeux de Compile Heart que j’espère voir un jour disparaître au profit d’un jeu moins étouffant et laissant plus de temps au… jeu tout simplement.
Et le gameplay dans tout ça ?
Tout comme la majorité des jeux Compile Heart, Fairy Fencer F est un RPG au tour par tour avec un système de jeu assez dynamique. Le gameplay de Fairy Fencer F emprunte énormément à Hyperdimension Neptunia Victory, à tel point que j’ai rapidement eu l’impression de jouer au même jeu, avec toutefois de bonnes modifications. Les combats s’effectuent toujours dans une arène fermée où l’on déplace librement ses personnages pour y rosser gredins et monstres difformes. Mais Fairy Fencer F introduit un tout nouveau concept : la tension. La tension, c’est une jauge au dessus du portrait de votre personnage, qui se remplit en prenant des dégâts et en tapant sur les ennemis mais qui a la fâcheuse tendance à se vider quand vous vous soignez. Plus votre tension est forte et meilleur seront vos dégâts, mais surtout une jauge de tension pleine vous offre la possibilité de fusionner un Fencer et sa Fairy : c’est la Fairize . Cette transformation, qui se déclenche dans une cinématique bien classe et qui rappelle fortement la série Kamen Rider sur laquelle Toshiki Inoue a travaillé, booste de façon monstrueuse le Fencer transformé jusqu’à ce que la barre de tension soit vidée.
En plus d’une transformation très utile face aux boss, vous pouvez aussi équiper une seconde Fairy sur chacun de vos Fencers : cela augmente vos statistiques et vous offre certains bonus comme une résistance accrue à un élément. Les Fairies ainsi équipées gagnent de l’expérience comme les autre personnages, et deviennent donc plus puissantes avec le temps. Il est aussi possible d’améliorer de façon définitive vos personnages, en dépensant des points spécifiques accumulés au fil des combats. Des dégâts physiques au nombres de coups successifs que déclenche une attaque avec le bouton X, il existe pas moins de septs catégories de statistiques à améliorer, de quoi vous obliger à jouer un bon moment pour obtenir un Fencer ultime.
Même si ces ajouts sont les bienvenus, Fairy Fencer F n’arrive pas à décoller : la faute à un rythme de jeu mal calibré mais aussi à un gameplay qui devient trop répétitif : comme dans Mugen Souls ou Hyperdimension Neptunia on se retrouve souvent à appuyer en boucle sur la touche X pour gagner des niveaux, ou augmenter une compétence, sans que ça ne soit vraiment très fun ou palpitant. Je pense que Fairy Fencer F gagnerait beaucoup à adopter une dimension stratégique plus importante dans ses combats, en prenant exemple sur des jeux comme Shin Megami Tensei III : Nocturne avec ses Magatamas, ou un côté beaucoup plus action et nerveux à la Ys Celceta avec des joutes en temps réel dans les donjons.
Une réalisation qui laisse à désirer
Malgré la présence de Yoshitaka Amano au dessin, j’ai un énorme souci avec la direction artistique de Fairy Fencer F : elle est générique et sans réelle inspiration autre que les mangas shounen de ces dix dernières années. Le chara-design subit lui les affres d’une réutilisation sans gêne, Fang ressemble à Sora de Kingdom Hearts avec trente centimètres de plus, Eryn est un clone de Noire avec une teinture rousse et Tiara c’est tout simplement Nepgear avec une panoplie de gothic-lolita. Tsunako a certes un coup de crayon très agréable à l’œil, mais son style s’enferme dans un mélange au goût amer, entre la facilité et le recyclage intense. Niveau environnement on retrouve la caverne glacée aux teintes bleues, le désert aride au filtre jaune avec des pointes de verdure, la fameuse cave de magma et surtout la très célèbre plaine verte : tout ces donjons que vous avez déjà visités dans Hyperdimension Neptunia font donc leur grand retour.
Niveau réalisation, j’ai (encore) envie de vous dire qu’il ne faut pas s’attendre à un jeu correct : Feiry Fencer F utilise le même moteur graphique qu’Hyperdimension Neptunia Victory, et est donc loin des standards techniques et graphiques pour un jeu sorti cette année sur PlayStation 3. Les musiques composées par Nobuo Uematsu sont efficaces mais rien qui ne donne envie de courir acheter l’OST comme ce fut le cas pour Nier, ou juste de l’écouter à l’occasion sur Youtube.
Conclusion Fairy Fencer F
En jouant à Fairy Fencer F, on ne peut s’empêcher d’y voir une volonté profonde de s’améliorer de la part de Compile Heart, notamment via l’embauche de pointures comme Toshiki Inoue au scénario. Cependant le résultat final reste peu convaincant, en partie dû à un gameplay trop vite ennuyeux et une réalisation datée, mais surtout à cause d’un rythme de jeu géré avec les pieds où l’on passe peu de temps à jouer au détour de dialogues fades. Compile Heart a profité du Tokyo Game Show 2014 pour annoncer une suite à Fairy Fencer F, avec la même équipe créative à la tête du projet : j’espère sincèrement qu’ils apprendront des critiques faites au jeu pour nous proposer une meilleure expérience, plus proche de ce que l’on est en droit d’attendre d’un RPG sur une console de salon en 2014.
Retrouver notre avis sur la nouvelle version PlayStation 4 ici : Test Fairy Fencer F: Advent Dark Force