Lors de l’annonce de Blackguards par Daedalic, la presse et moi-même étions tout étonné de voir qu’il ne s’agissait pas d’un nouveau point & click, habitude du studio teuton mais d’un RPG tactique. Ayant l’expérience en ce qui s’agit d’écrire un scénario complexe et de créer une ambiance propre à chaque jeu, le défi des allemands était la conception du système de combat. Défi remporté ?
Test de Blackguards
Cliché sur cliché
J’ai vécu une double déception très rapidement en lançant Blackguards. D’abord, graphiquement, le jeu n’est pas beau (sans toutefois être immonde), et la direction artistique est tout sauf inspirée. Les premiers environnements visités ne sont absolument pas fouillés, d’une forêt pseudo-fantasy à la prison habituelle de chacun des représentants du genre. Cette première impression est malheureusement juste. Chacun des environnements du jeu est classique, et Blackguards ne prend aucun risque. Le jeu manque de personnalité, ne possède aucune patte graphique et on ne s’attache absolument pas au monde d’Aventuria.
Cette impression d’inachevé, du manque de recherche des environnements se poursuit lorsqu’on fait connaissance aux personnages : le héros victime d’une méprise qui le conduit en prison, mais qui finira par prouver son innocence, le nain qui déteste les elfes, adore l’argent et voue un culte au feu, le magicien qui se prend pour un Don Juan et qui possède un accent italien aussi gluant que la morve de votre petit frère, le tout accompagné d’un demi-elfe mystérieux/d4rk/assassindelamort/etc.. Bref, tous ces personnages semblent tout droit sortis de l’imagination d’un mauvais livre de fantasy, vous savez, ceux que vous lisiez probablement quand vous aviez 14 ans, ou que vous êtes peut-être en train de lire. C’est décevant, sachant que Daedalic nous a prouvé qu’ils étaient capables de créer des personnages tout à fait attachants, possédant une véritable personnalité par le passé.
Si je dois faire un point sur la bande-son, je dirais que celle-ci n’est ni mauvaise, ni excellente. Elle se laisse écouter mais ne vous attendez pas à des morceaux mémorables ou d’une quelconque originalité.
Cependant, je ne dis pas que les environnements ou les personnages sont détestables, c’est juste qu’on ne s’attache pas à eux, qu’ils ne sont absolument pas mémorables. C’est dommageable, notamment dans un RPG. Sachant le jeu fait une trentaine d’heure, elles ne sont pas toujours agréables à parcourir, notamment car elles sont entachées par cette construction bancale.
Un système de combat bancal et une aventure dirigiste
Mais la malheureuse découverte des environnements du jeu s’accompagne par la malheureuse découverte du système de combat. Celui-ci possède une particularité qui sauve quelque peu le jeu : les actions avec l’environnement. Dans chaque environnement de combat sont dispersés quelques objets qui pourront vous servir de couverture face aux flèches ennemies, ou d’autres objets que vous pourrez faire chuter sur vos adversaires (il est assez jouissif de voir un mur s’écrouler sur vos poursuivants, ou de faire tomber un lustre sur un garde endormi). Si cette idée est plutôt intéressante, le système de combat m’a paru assez aléatoire au fil de mes heures de jeux. En effet, il n’est pas rare de voir ses flèches passer à côté de nos ennemis, alors qu’on avait 90% de les toucher. A contrario, la même flèche, tirée depuis le même personnage va toucher les ennemis 17 fois de suite, avec la même probabilité. Cette impression générale d’aléatoire empêche de réellement prendre plaisir au combat. Alors que le système d’interactions avec les objets présents sur la carte était intéressant, il est entaché par le manque de rigueur dans le système de combat en lui-même.
Toutefois, les combats, à partir du troisième chapitre notamment, vont revêtir une véritable dimension tactique, qui les rendront vraiment intéressants malgré cette tâche de l’aléatoire. Blackguards est donc un RPG où j’ai préféré enchaîner les combats plutôt que de lire les lignes de dialogue. C’est embêtant.
Quant à l’évolution de la quête, si le scénario est cliché, il n’en reste pas désintéressant à suivre, mais cette impression d’avoir fait les choses à moitié est toujours présente. Dans la version que nous fait fantasmer les développeurs, le joueur partira aux quatre coins du monde pour mettre la lumière sur le mystère qui entoure notre héros. En pratique, on se baladera sur une carte où on se déplace de point en point, avec excessivement peu de chemins alternatifs, hormis quelques missions secondaires pour choper de l’expérience et des armes, génial.
Conclusion Blackguards
Moi-même, en écrivant cet article, j’ai eu une impression d’inachevé, de vide. En effet, je trouve malheureusement bien peu de choses à dire sur ce RPG Tactique qui m’a déçu. Sans être une purge, mais sans être bon, j’ai vécu Blackguards comme une succession de combats, certes intéressants, entrecoupés de dialogues mal écrits. Mais il ne suffit pas d’un système de combat qui tient la route pour faire un bon jeu de rôle. Comme vous l’aurez deviné, le défi n’est pas vraiment une réussite pour Daedalic. Le jeu n’est donc qu’à conseiller aux mordus du genre, qui ont besoin de leur dose de tactique au tour par tour.